Le mystère des runes de Runamo

Comme phénomène singulier de l’histoire des runes, on peut évoquer le mystère de runes de Runamo. Il s’agit d’un affleurement de quartz, à proximité de Brakne-Hoby, dans la région du Blekinge en Suède.

Des runes mystérieuses

Autrefois, Runamo était considéré comme un lieu sacré. Une longue série de runes était gravée le long de la façade de granit le long d’un sentier. Dès le XIIe siècle, Saxo Grammaticus rapporte : « Bien que le chemin mène dans les montagnes et parfois traverse les vallées, des traces d’écriture runique sont visibles tout le long. »

Bien qu’au XIIe siècle de nombreuses pouvaient lire les runes, les inscriptions de Rumano étaient indéchiffrables. Toutefois la population y voyait un lindorm (un dragon terrestre) qui ne livrait pas son sens facilement. Les croyances locales racontent que les inscriptions de Rumano racontent la bataille de Brávellir (ou bataille de Bråvalla).

Les runes de Rumano : bien secrètes

Valdemar Ier le Grand, roi du Danemark, commanda une étude des runes de Rumano. Un groupe d’érudits danois tentèrent de les déchiffrer mais confirme ce que Saxo Grammaticus rapporte dans l’introduction de ses Gesta Danorum… L’inscription runique n’est plus lisible car trop usée.

Au XVIIe siècle, le médecin et antiquaire danois Ole Worm s’y attarda également. Il déclara qu’il avait réussi à lire quatre lettres dans la description : Lund.

Au XIXe siècle, un groupe d’universitaire de l’Université de Copenhague, dirigé par Finnur Magnusson, remarqua la présence des runes sur une longueur de vingt-deux mètres. Magnusson, convaincu qu’elles avaient un sens, passa presque un an à tenter de les déchiffrer.

La révélation

Sur le point d’abandonner, Magnusson eut une révélation en remarquant ce qu’il prit pour une « wendrune » (une rune écrite à l’envers). Lors d’une « transe » Magnusson se lança dans une traduction des runes visibles. Les inscriptions sur la veine de quartz qui révéla un poème en mètres classiques du vieux norrois dits fornyrðislag. Ceci marqua un véritable tournant dans l’étude des runes.

Le rapport de Magnusson incita le chimiste suédois Jöns Jacob Berzelius à entreprendre sa propre étude en 1836. Il conclut que l’inscription n’était rien d’autre que des fissures naturelles dans la roche. Toutefois ceci n’empêcha pas Magnusson de publier son étude dans son livre, Rumano og Runerne, en 1841.

Le mystère demeure

Bien qu’elles n’aient jamais été tracées de la main de l’Homme, comment un poème en vieux norrois a-t-il pu apparaître naturellement ? L’honnêteté de Magnusson n’a jamais été mise en doute, pas même par ses adversaires. Le fait que ces traces soient naturelles en signifie pas qu’on ne puisse pas y lire des runes… en révélant plus sur l’état d’esprit du lecteur qu’il n’y paraît.

En divination, la reconnaissance des motifs dépend de conditions telles que le temps, le moment, la position du soleil et l’état mental. Les runes telles que celles de Runamo révèlent davantage sur l’état de conscience de chacun que sur elles-mêmes. Ainsi, la seconde fois que l’on se rend dans certains lieux, on ne remarque pas les mêmes runes que la première fois. C’est un phénomène étrange, mais c’est l’essence de la découverte intérieure qui se trouve au cœur des mystères runiques.

Le poème

Voici une traduction du poème que Magnusson découvrit dans les inscription de Rumano :


Hildekind captura le royaume
Gardar grava les runes
Ola prêta serment
Qu’Odin sanctifie la magie
Que le roi Hring
Tombe en poussière
Les Elfes, qui aiment les dieux,
Doivent quitter Ola
Odin et Freyr
Et la race d’Aesir
Doit détruire,
Détruire,
Nos ennemis
Donner à Harald,
La grande victoire.

Runes, Nigel Pennick, 1999 – traduction Agnès Rothé, 2001

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